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Au Parlement européen et en France, l’extrême-droite tranche le cordon

Depuis plusieurs semaines, je découvre avec curiosité et enthousiasme le fonctionnement du Parlement européen. 

À la cadence effrénée du début d’un mandat hors-normes, je pense qu’il est maintenant essentiel de se poser, respirer et réfléchir.

Dans ces notes qui alimenteront mon site internet, je vous ferai part de mes analyses sur l’actualité politique dans un format plus long que ceux imposés par les réseaux sociaux.



Les vies parlementaires européenne et nationale semblent totalement déconnectées

Le temps de la recherche d’un compromis à Strasbourg ne correspond pas à l’effervescence d’une séance de questions au gouvernement. Il y a des moments pourtant où ces deux champs résonnent. Nous en vivons un.

Réuni en session plénière en septembre dernier, le Parlement européen s’est prononcé sur la crise politique, sociale et économique que traverse le Venezuela. Ce moment aurait dû être l’occasion pour tous les défenseurs de la démocratie et des libertés publiques d’exprimer leur soutien à une population vénézuélienne qui subit l’impéritie de son gouvernement.

Malheureusement, nous en avons été privé.


Pour la première fois, la droite traditionnelle européenne a préféré déposer une résolution avec les Patriotes, groupe où siège le Rassemblement national, plutôt que de respecter ses partenaires de majorité.


Ce précédent n’a aucun équivalent dans l’histoire de cette institution pour laquelle le cordon sanitaire était encore une boussole

Si Manfred Weber, président du « Parti populaire européen », est entièrement responsable de cette turpitude, bien peu de députés de son groupe y compris les Français, se sont manifestés pour contredire ce basculement d’alliance

Ce fait n’est pas divers. Il annonce la couleur pour cette mandature alors que les avancées du Pacte vert sont, entre autres, remises en question. 

La Commission européenne n’est pas non plus en reste. La nomination de Rafaelle Fitto, proche de Giorgia Meloni, comme vice-président exécutif restera comme une marque indélébile dans le bilan de Madame von der Leyen.


Au même moment, hasard du calendrier ou non, Michel Barnier a présenté son gouvernement. Beaucoup a été dit sur sa nomination. Je la considère comme une confiscation du pouvoir de la part du Président de la République après une dissolution de vexation


Emmanuel Macron et son Premier ministre sont désormais sous la tutelle de Marine le Pen. Évènement inédit sous la Ve République, la « stabilité » du pouvoir repose sur l’extrême-droite.


Un autre pays d’Europe éprouve cette situation, la Suède. 

Depuis 2022, le centre et la droite gouvernent avec la bénédiction des « démocrates suédois » fondés, comme le Rassemblement national, par des néonazis. Cette expérience préfigure ce que nous endurerons. Extrême-droitisation du spectre politique, en particulier de la droite de gouvernement, banalisation du discours d’extrême-droite avec comme ultime conséquence sa complète dédiabolisation.


En France, ce processus semble même advenir de manière accélérée. L’appel de Michel Barnier à Marine le Pen pour la rassurer sur la prise de position du Ministre de l’Économie, Antoine Armand, et les différents propos honteux de Monsieur Retailleau ont de quoi réjouir le Rassemblement national. L’échelle vers le pouvoir est installée. Il ne lui manque plus que de la gravir.


En Europe et en France, le temps joue contre la gauche. 

Sa tâche est immense pour reconquérir les catégories populaires. Cela passe par une gauche qui défend réellement les intérêts des ouvriers et des employés. Une gauche qui assume d’avoir comme objectif la réindustrialisation verte du pays pour offrir des emplois de qualité plutôt que la perspective peu réjouissante d’un sous-emploi ubérisé.


Au Parlement européen, la première bataille a commencé. 

La volonté de la Commission européenne de soutenir le secteur automobile européen et sa décarbonation en taxant davantage les véhicules électriques fabriqués en Chine doit résister à certains égoïsmes nationaux. 


Car si l’Union européenne persiste dans son rôle d’idiot utile de la mondialisation en refusant, à l’inverse des Etats-Unis, de défendre son tissu productif, elle ne connaîtra qu’un « Waterloo industriel ».


Il faudra, à ce titre, défendre également la préférence européenne en matière de commande publique. Il s’agira d’un de mes chevaux de bataille. Il sera nécessaire enfin de promouvoir un grand plan d’investissement qui permettra à l’Europe de combler son retard face aux empires chinois et américains.


C’est seulement à ce prix que nous pourrons éviter d’offrir une autoroute à la victoire de Madame le Pen. 
La « gauche populaire » est un pléonasme, notre rôle est de le rappeler.